Harcèlement & agression sexiste et/ou sexuelle ?

Que ce soit en rue, au foyer, au travail ou en festival, le harcèlement et les agressions sexistes et/ou sexuelles sont des phénomènes ultra fréquents, mais pourtant encore largement banalisés, passés sous silence, ou perçus de manière générale comme rares et contextuels.

Ils se sont tellement normalisés dans notre société qu’ils peuvent être difficiles à percevoir. Ils sont acceptés sous un “sexisme ordinaire”, rendant complètement invisible, aux yeux de la majorité, le problème qu’ils sont et qu’ils créent.

QUIZZ – Drague, blagues lourdes, harcèlement sexuel ou agression : êtes-vous sûr.e de savoir faire la différence ?

Pourtant, en Belgique, en 2020 :

  • Près de moitié des Belges (47%) ont déjà été exposé·es à au moins une des formes de violence sexuelle
  • 48 % des victimes ont été exposées pour la première fois à la violence sexuelle avant 19 ans
  • 18% des femmes sous l’emprise d’alcool ou drogue se sont fait imposer obtenir des relations sexuelles
  • 20% des femmes ont été violées (en 2014, SOS Viol et Amnesty chiffrait 13%)
  • Pratiquement 90% des victimes ne portent pas plainte à la police (selon le Service public fédéral Intérieur)
  • Seuls 4,3% des plaintes pour viols se soldent par une condamnation
  • Dans 80 % des cas, l’agresseur est connu de la victime, et un viol sur quatre a lieu au sein du couple
  • 23% des femmes se sont fait imposer des relations sexuelles forcées par leur conjoint
  • 90 % des violeurs ne présentent aucune pathologie mentale (selon Amnesty, en 2014).

(Source : Amnesty International et SOS Viol, 2020)

Selon l’enquête sur le harcèlement dans l’espace public de Vie Féminine (2017)

  • 98% des femmes ont déjà subi du sexisme dans l’espace public
  • 3% ont porté plainte
  • 36%, quand elles en parlent, reçoivent des réactions de colère
  • 31%, quand elles en parlent, reçoivent des réactions de banalisation.

NB : il n’existe malheureusement pas (encore!) de données inclusives sur les violences sexistes et sexuelles, donc ces chiffres prennent uniquement en compte les femmes et hommes cis-genres*.

Bien qu’invisibilisée, au vu de ces chiffres, cette violence est bien réelle. #MeToo a entamé une mise en lumière de ce que la société avait l’habitude de taire et de banaliser, prouvant une différence de traitements entre hommes cis-genre hétérosexuel et les femmes cis et le privilège que c’est d’être cet homme dans notre société.

Dans la continuité du mouvement #Metoo, la problématique des violences sexistes et sexuelles commençant à faire parler d’elle, elle attire de plus en plus l’intérêt des politiques et des acteurs du milieu socio-culturel. Différents milieux festifs commencent ainsi à prendre la problématique à bras le corps et à mettre en place de la prévention et de la prise en charge psycho-sociale pendant leurs événements, à l’instar du Plan SACHA.

Il est à noter que dans le cas de #MeToo, comme très souvent ailleurs, les violences sexuelles sont penser sous un rapport binaire de genre : homme/femme. Mais cela, d’une part, exclut les personnes transgenre et, d’autre part, cela ne prend pas en compte les facteurs qui peuvent venir s’additionner aux risques d’harcèlement et agressions sexistes et sexuelles : grossophobie, classicime, homophobie, queerphobie, putophobie, racisme, validisme, etc.

SACHA a ainsi été créé pour lutter concrètement contre le sexisme, les discriminations et les violences qui y sont liées, en promouvant une prise en considération ouverte et nuancée des identités de genre, des orientations sexuelles et des relations de séduction. Car lutter contre le sexisme passe nécessairement par l’élaboration positive de nouvelles bases complexes et inclusives.

« Il y a une chose sur laquelle on ne saurait trop insister : #metoo ce n’est pas lié au sexe, mais au pouvoir. C’est lié aux relations de pouvoir dans notre société. Celles et ceux qui ont brisé le silence ont révélé le comportement habituel de personnes en position de pouvoir. Ces témoignages prouvent que nous avons pour le moment échoué à amener les changements de pouvoir nécessaires pour avoir une société plus égalitaire. »

PeriodBrussels, It’s not that grey, 2019 : 4.

*cisgenre : se dit d’une personne lorsque le genre qui lui a été attribué à la naissance est en adéquation avec celui auquel il/elle/iel s’identifie.